Retour sous l’océan avec La Petite Sirène (2023)

  • Réalisé par : Rob Marshall

  • Bande Originale : Alan Menken, Howard Ashman, Lin Manuel-Miranda, Hans Zimmer et Stephen Schwartz

  • Durée : 2h15 min

  • Sortie en France le : 24 mai 2023

Bienvenue dans l’océan captivant de « La Petite Sirène », une nouvelle adaptation live-action signée Rob Marshall, qui a fait ses débuts sur les écrans français le 24 mai 2023. Revisitant un classique indémodable de Disney, ce film a su éveiller en moi une délicieuse nostalgie tout en m’offrant une expérience cinématographique fraîche et unique.

La Petite Sirène nous plonge dans les profondeurs de l’océan, là où vit Ariel, une sirène au caractère rêveur, curieuse du monde humain et de ses merveilles. Malgré les avertissements de son père, le roi Triton, Ariel n’abandonne pas ses aspirations. Lorsqu’une situation inattendue la met en contact direct avec le monde des hommes, et en particulier avec un certain Prince Eric, l’intrigue se noue et donne le ton à une aventure palpitante.

Le respect scrupuleux de la trame originale de 1989, l’approfondissement de l’histoire, une distribution renouvelée et des choix de direction artistique audacieux distinguent cette version de « La Petite Sirène ». Une œuvre qui, tout en évoquant des souvenirs chéris, invite à la découverte et à l’appréciation d’une nouvelle perspective sur un conte bien-aimé.

Entre fidélité et réinterprétation

Au sein de l’univers Disney, deux approches de remakes en live-action se distinguent : celle qui s’évertue à respecter méticuleusement le scénario original, et celle qui préfère s’en émanciper, se permettant ainsi des libertés narratives. « La Petite Sirène », dirigée par Rob Marshall, se place incontestablement dans la première catégorie.

Dans ce film sorti le 24 mai 2023, le scénario étoffe l’histoire originelle sans pour autant la bouleverser. Il prend le parti audacieux de reprendre certains plans du dessin animé initial, comme pour honorer la mémoire de l’œuvre de John Musker et Ron Clements de 1989. La structure de ce long-métrage se découpe en trois actes bien définis, dont la partie subaquatique laisse apparaître quelques faiblesses, attribuables à un choix de mise en scène osé, donnant une sensation de lourdeur à la caméra, sans doute voulu pour imiter le poids de l’eau. Ce parti pris cinématographique, bien que courageux, bride malheureusement la dynamique du film.

Une distribution envoûtante dans La Petite Sirène

La richesse de La Petite Sirène réside sans aucun doute dans son casting diversifié, offrant un vent de fraîcheur à la célèbre histoire. La découverte principale de cette comédie musicale est Halle Bailey, une étoile montante qui apporte un mélange de charme et de talent au personnage d’Ariel. Initialement reconnue comme la moitié du duo R&B Chloe x Halle, sa carrière musicale a commencé à se profiler dès l’âge de 5 ans. Elle est également connue pour son rôle de Sky Forster dans la série Grown-ish, prouvant ainsi son aptitude à jongler avec succès entre chant et comédie. Dans La Petite Sirène, elle incarne à merveille une Ariel au visage lumineux et à la voix envoutante, donnant au personnage une nouvelle dimension tout en restant fidèle à son essence originale.

Awkwafina, pseudonyme de Nora Lum, prête sa voix à Eureka, offrant une dimension encore plus importante à ce personnage. Ayant déjà fait ses preuves dans des films comme Crazy Rich Asians et The Farewell, pour lequel elle a remporté le Golden Globe de la meilleure actrice, sa performance dans La Petite Sirène est tout aussi mémorable.

L’anglais Jonah Hauer-King, bien que plus discret sur la scène cinématographique, n’est pas en reste. Il est principalement connu pour son rôle dans Les Quatre filles du docteur Marsch et sa performance dans la série « World on Fire ». Dans La Petite Sirène, il incarne un Prince Eric plus développé, affichant un charisme certain et une excellente alchimie avec Ariel.

Enfin, Melissa McCarthy, une actrice qui n’a plus besoin de présentation, donne vie à l’emblématique Ursula. Ayant marqué l’industrie du film avec ses performances dans Bridesmaids et Can You Ever Forgive Me ?, pour lesquelles elle a été nominée aux Oscars, elle s’inspire du style de Pat Caroll, la voix originale d’Ursula, pour offrir une interprétation authentique, mais un peu surjouée, du personnage

Ce casting audacieux donne vie au film qui, tout en restant fidèle à son histoire originale, se distingue par des personnages plus nuancés et plus développés, promettant une expérience enrichissante aux spectateurs.

Incarné par l’espagnol Javier Bardem, le Roi Triton se révèle plus mesuré dans cette version. Bardem, lauréat d’un Oscar pour sa performance intense dans « No Country for Old Men », a su s’imposer dans le monde cinématographique grâce à des rôles marquants dans des films tels que « Skyfall » et « The Sea Inside ». Sa prestance indéniable est mise au service d’un Triton moins colérique, plus mesuré, affichant un tempérament plus posé. Si la fougue originelle du personnage a été quelque peu estompée, le talent de l’acteur permet de maintenir une figure paternelle forte, bien que légèrement moins charismatique que dans la version originale.

La direction artistique : des choix parfois audacieux et parfois questionnables

La direction artistique de La Petite Sirène, bien qu’appréciable, n’atteint pas le niveau d’innovation déployé par Avatar : La Voie de l’Eau sorti pourtant quelques mois avant et présentant également de nombreuses scènes sous-marines. Il fait mal plutôt pâle figure à côté… Les séquences aquatiques manquent quelque peu d’inspiration et ne rivalisent pas avec l’élégance et le surréalisme du film original. Ici, au contraire, le réalisme du design empêche malheureusement l’attachement du spectateur aux personnages marins, à l’exception peut-être d’Eureka.

En revanche, les scènes terrestres affichent une créativité et une cohérence nettement plus prononcées. Les séquences musicales pâtissent du réalisme adopté pour le film, perdant une partie de leur charme. Sous l’Océan déçoit quelque peu par son manque de folie, alors qu’Embrasse-la parvient à conserver une certaine authenticité grâce à l’alchimie évidente entre Halle Bailey et Jonah Hauer-King. Les nouvelles chansons, bien que surprenantes, détonnent avec le ton du film et sont rapidement oubliées.

En définitive, La Petite Sirène s’avère être une œuvre intéressante, quoique légèrement en deçà de l’original. Il s’agit d’un film à voir avec un regard neuf, sans comparer systématiquement à son modèle de 1989. Malgré certaines lacunes, cette reprise live-action mérite l’attention des amateurs de l’original et surtout des comédies musicales made-in Disney.